Gontran

pimp-my-gontranOn a tous un Gontran dans notre bande de potes. La particularité de Gontran, que je connais depuis deux ans maintenant, est qu’il arrive à lever un nombre obscène de nanas, toutes plus jolies les unes que les autres, en dépit d’un physique franchement en-dessous du minimum syndical. La première erreur que tu commets en rencontrant Gontran, c’est de le sous-estimer. Ou de lui confier ta copine. D’ailleurs, tu réalises très vite la force de frappe de ce type dès qu’une fille un peu potable entre dans son champ de vision. Il s’approche d’elle et tu peux lire sur son visage d’abord sceptique et condescendant qu’elle est intriguée, oui, elle l’écoute, elle sourit une fois, deux fois, puis elle éclate de rire, se mordille une mèche de cheveux ou réajuste son décolleté. Sept minutes plus tard (montre en main), elle est conquise et elle accepte de le suivre (dans un café, dans un ciné, dans un hôtel). Et toi, tu te retrouves comme un con, seul, dans le bar. Tu paies l’addition et tu rentres chez toi, dépité, mater un film de boules en streaming.

Un jour, on a demandé à Gontran : « Mec, c’est quoi ton secret ? ». Au début, il a nous a rembarrés « Vous ne pouvez pas comprendre, vous, les crève-la-chatte », mais on l’a tellement charrié qu’il a fini par lâcher le morceau. Tout le truc, selon lui, c’est de miser sur le « potentiel érotique des registres de langue » (oui, il parle toujours comme ça Gontran, c’est l’intello de la bande, il a un DEUG de lettres). Evidemment, aucun de nous n’a compris du premier coup où il voulait en venir. Il a dû nous expliquer étape par étape, en quoi ça consistait.

« Une fois que t’as repéré la meuf, t’y vas cool, en beau gosse, tu lui parles comme à une dame, langage soutenu et vouvoiement obligatoire. Le secret, c’est de placer des mots de trois syllabes minimum, comme irrépressible (envie de vous parler), anachorète (c’est le métier de mon darron), déceptif (comme la peur de ne jamais vous revoir) ou(de mon désir croissant pour toi, je veux dire, vous). Tu t’en fous si elle ne comprend pas, à la limite, c’est encore mieux, elle croira que c’est un truc intelligent. »

« Ok et après ? »

« Une fois qu’elle est un peu intéressée, tu passes au langage courant, mais attention, il faut du lyrisme ! Si tu penses qu’elle est bonne, dis lui, « je n’ai jamais rencontré une fille comme vous » ou « je sens brûler un feu unique dans tes yeux » si elle est bien chaude. Pour passer à l’étape supérieure, il y a le classique «  je n’ai pas arrêté de penser à toi … il faut qu’on se revoie » et si elle fait de la résistance, un coup de « je crois que je suis en train de tomber amoureux » la fera complètement craquer (testé et approuvé). »

« Et l’étape numéro 3, ça se passe comment ? »

« Le danger de l’étape 3, c’est que, t’es tenté de relâcher tes efforts. Puis tu sors une connerie et la meuf se barre. Une fois que tu lui as roulé une pelle, tu peux être plus à l’aise, voire franchement familier. On croit que les filles n’aiment pas les mecs vulgaires, mais c’est faux, dans certains contextes, ça les excite, j’te jure. Tu peux même dire ce que tu penses vraiment. Si elle tu sens ton cœur battre la chamade quand tu la touches, dis lui « Tu me fais bander comme un taureau ».  Peut-être même que tu te verrais bien avec elle, dans une vraie relation je veux dire, un petit « Je vais te mettre ta race, ma chiennasse » la mettra à l’aise. Et si tu veux l’épouser, demande-lui si simplement si elle avale.  Elle comprendra. »

A ceux qui seraient tentés de suivre les conseils de Gontran, je préfère les prévenir des dangers qu’ils courent. Les filles aiment bien les registres de langue variés, c’est certain, mais les mecs ne se repèrent pas très bien dans les passages à niveaux. La mauvaise formule au mauvais moment ruine tous les efforts précédents. Au final, ces histoires de potentiel érotique, ce sont des conneries : il est plus facile de se prendre une main dans gueule que de leur mettre la main à la chatte.

~ par procrastineuse sur avril 20, 2009.

2 Réponses to “Gontran”

  1. Ah oui, effectivement, je n’avais pas tout lu ! Cela dit, c’est très instructif, j’ignorais beaucoup de choses décrites dans cet article.
    Donc, un grand merci, évidemment.

  2. haha en recherchant des articles sur la procrastination je suis tombé sur cet article. Bien vu l’aveugle, j’ai bien perdu 5 minutes comme le blog l’indique, mais c’était sympa 🙂

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