99 francs

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L’adaptation du roman de F. Beigbedder par Jan Kounen était très attendue (au tournant). Sorti le 26/09, le film a fait le meilleur démarrage de la semaine et est beaucoup moins agaçant que le livre. Je rappelle l’histoire : Octave Parango est un publicitaire qui souffre du complexe de Dieu (à base de “c’est moi qui décide de ce que vous allez aimer demain”, rien que ça). Et puis un jour il a une crise prise de conscience : il découvre qu’il n’aime pas ce qu’il fait, il en a marre de ce monde de faux-culs, de requins, de cokés dont il fait partie. De là, entre dépression et sabotage, il tente de faire péter le “système” de l’intérieur …

F. Beigbedder a écrit un livre amusant mais agaçant. Jan Kounen en a fait un film agréable et franchement drôle. Jean Dujardin y est pour beaucoup. Certes, on a l’impression de voir un Brice de Nice brun (et looké), mais il confère au personnage d’Octave suffisamment d’autodérision pour qu’on ne puisse pas vraiment le détester. Le film s’attache, tout comme le livre, à dénoncer les travers de la société consumériste dans laquelle nous vivons. Ce n’est certainement pas une comédie familiale (quelques effets de mise en scène “trash” – on ne nous épargne ni le vomi ni le reste), mais ce n’est pas l’attaque la plus virulente et la plus poussée du monde publicitaire qui soit. Bien au contraire.

Du reste, les arguments présentés sont un peu ringards, en 2007, longtemps après que Debord, Baudrillard, Ramonet ou Klein se soient penchés sur la question. Oui, nous sommes entourés d’images mensongères, oui, on veut nous vendre de la merde, mais ce n’est pas parce que là haut on nous prend pour des cons qu’on doit se comporter comme tels. Je crois qu’aujourd’hui nous sommes tous plus ou moins conscients de ce phénomène, et plus ou moins armés. Et puis les discours sur le système, la matrice, bla bla bla, vous savez ce que j’en pense (cf. “Faut-il brûler les T-Shirts du Ché ?”).

Après, est-ce que le film dépeint fidèlement le monde de la pub ? Il paraît que ça a bien fait rire le directeur de Danone, mais il n’a pas porté plainte (Danone /Madone, hein … on aura tous compris …). Je ne crois pas, pour avoir croisé certaines personnes qui travaillent dans le milieu, que ce film donne une image fidèle de la profession, mais qu’on ne nous dise pas que la coke, “y savent pas c’que c’est …”.

Au fond, Jan Kounen fait sien l’art de Molière, castigat ridendo mores : corriger les moeurs par le rire. Les perversions de la profession sont caricaturées, les personnages manquent de relief mais cela permet de mieux en rire : ne sont-ils pas ridicules à se prendre pour des dieux, juste parce qu’ils réussisent à nous faire acheter un pot de yahourt? Ne sont-ils pas misérables, à leur manière, dans leur loft parisien vide, à mater des pornos cheap ?

Pour conclure, je dirais que c’est un film très drôle à voir sans crainte ! Idée de titre de remplacement : Octave Parango, l’homme qui ne s’aimait pas …

~ par procrastineuse sur septembre 30, 2007.

3 Réponses to “99 francs”

  1. Il m’a traumatise ce film; trop de scnes rgurgitantes!

  2. Bonjour, je suis tombe sur ton blog par hasard et j’aime beaucoup 😉 en tant que procrastinateuse invtre, le titre m’a fait « tilt »…

    concernant la post en question, j’aime bien ta critique, mme si je n’ai pas du tout aim le film, moins que le livre en fait…

    « ne sont-ils pas ridicules se prendre pour des dieux, juste parce qu’ils russisent nous faire acheter un pot de yahourt? »

    Excellente phrase, qui rsume bien ce que je pense 😉

  3. Merci pour tes commentaires ! C’est toujours agrable d’avoir du « feedback » sur ce qu’on fait, a me fait plaisir que tu apprcies mon blog. J’espre t’y « voir » souvent 🙂

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